Françoise Héritier, première femme anthropologue au Collège de France, a mis le corps humain au cœur de sa discipline, pour notamment expliquer la domination masculine.
L’éditrice Odile Jacob a annoncé ce mercredi 15 novembre le décès de l’ethnologue et anthropologue Françoise Héritier.
Françoise Héritier, que j'aimais tant, nous a quittés cette nuit. Au-delà de ma tristesse, je garderai en mémoire le souvenir d'une femme d'exception : grande intellectuelle, mais sensible, modeste et profonde. Elle était une amie. Elle était et restera un modèle.#Héritier
— Odile Jacob (@EditriceOJacob) November 15, 2017
A indiqué l’éditrice sur son compte Twitter.
Elle s’est éteinte à l’âge de 84 ans, le jour même de son anniversaire. Françoise Héritier faisait figure d’une des plus grandes intellectuelles françaises.
Professeur au Collège de France
Sociologue, anthropologue et ethnologue, elle avait été désignée par l’ethnologue Claude Lévi-Strauss pour lui succéder au Collège de France. En effet, professeur honoraire au Collège de France, elle avait inauguré la chaire « d’étude comparée des sociétés africaines ». Elle est alors devenue la deuxième femme à enseigner dans cette célèbre institution.
L’anthropologue a également dirigé le Laboratoire d’anthropologie sociale. Elle a œuvré toute sa vie sur la construction de la hiérarchie entre le masculin et le féminin. Ainsi, elle était considérée comme étant la théoricienne de la domination masculine.
L’égalité homme-femme ça avance, mais ça prendra des millénaires.
Disait-elle, renvoyant à notre « modèle fondé par les hommes de la préhistoire ».
Françoise Héritier décédée, nous laisse une contribution intellectuelle féministe des plus précieuses. Pionnière et inspirante dans le combat pour l'égalité des sexes. pic.twitter.com/K1BOUC9RoO
— HCE (@HCEfh) November 15, 2017
Militante féministe
Elle a été membre du Conseil consultatif national d’éthique et présidente du Conseil national du sida de 1984 à 1995. En juillet 2011, elle avait intégré l’équipe de campagne de Martine Aubry pour l’élection présidentielle de 2012. Elle était chargée avec Caroline de Haas de la thématique Femmes.
Immensément triste.
Françoise Héritier restera pour moi comme j’imagine pour tant d’autres une des paroles les plus structurantes de la pensée féministe.— Caroline De Haas (@carolinedehaas) November 15, 2017
En outre, avec les affaires de harcèlements de ces derniers jours, engendrée par l’affaire Harvey Weinstein, Françoise Héritier avait été sollicitée par les médias. La féministe était intervenue dans le débat public.
Ainsi, elle avait simplement déclaré sur France Culture :
Toutes les actions qui font avancer la cause des femmes sont bonnes à prendre.
Le jury, exclusivement féminin, du prix Femina lui avait remis la semaine dernière un prix spécial pour l’ensemble de son oeuvre. En 2012, elle avait écrit Le sel de la vie, devenu un best-seller. Elle y décrivait une médiation sur « les petits riens qui font le quotidien ». Françoise Héritier estimait que c’était cela qui nous « façonne profondément ».
L’anthropologue venait de publier Au gré des jour où elle se confiait. Elle aimait faire partager, selon son éditeur, « son amour des mots et son goût de vivre ». Françoise Héritier avait reçu le grade de Grand officier de la Légion d’honneur en 2014.
