Chasse aux faux centenaires : ce que la CNAV a vraiment découvert en Algérie

Par Ali Ch. Publié le 17/04/2024 à 18:18
Montage photo Personne âgée qui marche avec drapeau de l'Algérie
  • Dans le cadre de sa lutte contre la fraude, la Caisse nationale française d’assurance vieillesse (CNAV) a décidé d’introduire de nouveaux dispositifs
  • Des dispositifs pour surveiller de près les retraités résidant à l'étranger, notamment ceux originaires d'Algérie

Le gouvernement français, par le biais de la Caisse nationale française d’assurance vieillesse (CNAV), a lancé un plan de lutte contre la fraude. Un plan qui vise notamment les « faux centenaires » résidents à l’étranger et qui continuent encore à percevoir leur pension de retraite depuis la France. Cette chasse aux faux retraités vise essentiellement ceux résidents en Algérie.   

Selon ce qui se dit en France, des milliers de « faux retraités » algériens continuent à percevoir leur pension de la Caisse nationale française d’assurance vieillesse (CNAV) alors qui ne seraient plus de ce monde. Pour ceux qui ont propagé cette information, les familles algériennes ne déclarent pas le décès de leur parent retraité de France pour pouvoir continuer à percevoir indûment la pension à sa place.

La chaîne CNews relayait ainsi en 2022 une information selon laquelle il n’y aurait que 18 % de vrais retraités vivant en Algérie. La majorité de ceux qui continuent de percevoir leur pension depuis la France seraient donc de faux retraités. Certains hommes politiques de la droite et de l’extrême droite sont allés jusqu’à ironiser que l’Algérie est le pays qui a le plus de centenaires au monde.

Mais tout cela est faux, comme le révèle une enquête menée par la CNAV. La prétendue « fraude massive » aux retraites françaises en Algérie, largement discutée jusqu’à présent, semble être une exagération, selon le quotidien français L’Opinion. Les chiffres révélés par la Caisse nationale française d’assurance vieillesse (CNAV) ne soutiennent pas l’idée d’une fraude étendue.

Moins de 1000 centenaires algériens perçoivent leur retraite de la France

Pour le directeur général de la CNAV, Renaud Villard, cité par L’Opinion, « il y avait un double fantasme » qui consistait à croire qu’il y avait « des centaines de milliers de faux centenaires algériens » de France et que leurs familles percevraient indûment leurs pensions. L’enquête menée par la CNAV a donné chiffres qui contredisent ceux avancés en France sur cette prétendue « fraude massive » de la part des retraités algériens.

Selon la Caisse française des retraites, moins de 1000 centenaires algériens perçoivent effectivement une pension française, loin des chiffres avancés précédemment, estimés à des centaines de milliers de « faux centenaires ». Sur un total de 340'000 retraités algériens, cette proportion est donc minime, estime la CNAV.

L’enquête de la CNAV sur les retraités algériens s’est intéressée à 2000 personnes âgées de plus de 95 ans, dont 370 n’ont pas répondu aux convocations pour prouver qu’elles sont toujours en vie. Leurs pensions, « souvent très faibles », ont été suspendues, a fait savoir le DG de la CNAV qui a indiqué que son organisme se concentrera désormais sur les retraités algériens de plus de 90 ans, au nombre de 31'000.

La CNAV envisage d’améliorer ses procédures de contrôle en élargissant ses échanges avec les pays étrangers, mais aussi en introduisant de nouvelles technologies. À partir de juin prochain, la caisse française va introduire un nouvel outil de vérification. Il s’agit de l’utilisation de la caméra d’un smartphone à puce pour comparer les images aux cartes d’identité biométriques. Cette mesure touchera 80 % des 1,2 million de retraités vivant à l’étranger.

Journaliste francophone. Je couvre l’actualité au quotidien sur une multitude de sujets. Je m’attelle à rapporter l’information avec objectivité.