10€ de malus pour chaque articles achetés sur Primark, Shein et AliExpress ? La France s'attaque à la fast fashion

Par Theo Novel Publié le 05/03/2024 à 07:53
Loupe qui zoom sur le site SHEIN

Préoccupation environnementale et éthique derrière la proposition de loi. Les marques telles que Temu, Primark, Shein ou AliExpress rencontrent un franc succès auprès des consommateurs. Toutefois, les politiques français se montrent préoccupés par les dégâts écologiques et sociaux engendrés par ces enseignes, qui proposent quotidiennement des dizaines, voire des centaines de nouveaux articles à des prix souvent très bas.

C'est dans cette optique qu'en février dernier, le député LR Antoine Vermorel-Marques a présenté un projet de loi visant à instaurer un système de bonus-malus fiscal pouvant taxer jusqu'à 5€ les produits issus de la mode ultra-rapide.

Cette semaine, le texte d'Anne-Cécile Violland, députée Horizons de Haute-Savoie, sera examiné par la commission du développement durable avant de passer devant l'Assemblée le 14 mars prochain. En pratique, la taxe pourrait désormais atteindre jusqu'à 10€ par vêtement concerné.

Impact potentiel sur les géants du textile chinois

Anne-Cécile Violland précise qu'il ne s'agit pas d'une loi "anti-Shein, Temu et Primark". Cependant, elle pourrait impacter sensiblement les prix des mastodontes chinois du textile, responsables à eux seuls de près de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre chaque année.

En France, le nombre d'articles vestimentaires proposés à la vente en ligne a plus que triplé en dix ans, avec une moyenne de 3,3 milliards de pièces par an. Des enseignes comme H&M ou Pimkie, qui avaient fait de la modicité des prix leur marque de fabrique, ont été contraintes d'augmenter leurs tarifs pour suivre le rythme et se démarquer face à l'offre quotidienne de Shein, fort de ses 7000 références et de sa communication ultra-agressive sur les réseaux sociaux.

Les produits vendus par Shein, Primark ou Temu dépassent rarement 20€ l'unité, ce qui rendrait l'idée d'une taxation complète à 10€ quasiment inexistante.

Les enjeux économiques, sociaux et environnementaux

L'impact économique, social et environnemental suscite de nombreuses préoccupations : "Il y a un enjeu de souveraineté économique et de reconstitution d'une filière textile française", souligne Christophe Béchu. Pour diminuer la mainmise des géants de la mode ultra-rapide sur la France, il faudra également prendre en compte l'attractivité des productions Made in France. Dans l'Hexagone, les initiatives existent, mais elles sont loin d'être aussi abordables.

Christophe Béchu évoque ainsi la nécessité de favoriser le développement de la mode responsable et locale, et d'améliorer la qualité des vêtements proposés tout en limitant les effets négatifs sur l'environnement et les conditions de travail des ouvriers du secteur.

Taxes, taxes et encore taxes...

Alors que la France est championne du monde en matière de prélèvements obligatoires, certains se posent la question de l'efficacité d'une telle taxe. En effet, le pays est en déficit, et le gouvernement cherche à financer par tous les moyens les dépenses liées aux médicaments, aux soins, à la restauration scolaire ou encore aux prestations pour chômage et retraite.

Certains considèrent donc qu'il serait plus judicieux d'interdire purementles importations de ce type s'il est avéré que ces pratiques commerciales sont néfastes d'un point de vue global. Cependant, il faut également prendre en compte les conséquences sur la compétitivité française et les options qui existent pour renforcer les filières textiles locales.

Quel avenir pour la mode rapide en France ?

La proposition de loi déposée par Anne-Cécile Violland soulève de nombreuses questions sur l'avenir de la fast fashion en France et sur la manière dont l'État peut agir pour favoriser une mode plus éthique et responsable.

Il reste à suivre l'évolution de cette proposition et les mesures qui seront mises en place pour réguler un marché où les géants du textile international, comme Shein, Primark et AliExpress, occupent une place prépondérante auprès des consommateurs.

La solution passera-t-elle par une meilleure information des consommateurs ?

Une autre piste à explorer est l'éducation et la sensibilisation des consommateurs aux enjeux écologiques et sociaux liés à la mode ultra-rapide. Un travail de communication pourrait ainsi permettre de changer progressivement les habitudes de consommation et d'orienter vers des choix plus responsables et durables, à la fois pour la planète et pour les travailleurs du secteur textile.

CEO de minutenews.fr

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