L’évolution de la situation en Syrie prend un tournant inattendu avec le retrait des forces gouvernementales de Homs, une ville stratégique au cœur du pays. Ce développement pourrait s’avérer être un coup dur pour le régime de Bachar al-Assad, déjà fragilisé par une offensive rebelle fulgurante.
Homs : un bastion perdu aux conséquences majeures
La perte de Homs représente un revers significatif pour le gouvernement syrien. Située à un carrefour crucial entre Damas et les provinces côtières de Lattaquié et Tartous, cette ville revêt une importance stratégique indéniable. Son abandon par les forces loyalistes soulève des questions sur la capacité du régime à maintenir son contrôle sur le territoire.
Les conséquences de cette perte sont multiples :
- Rupture des liaisons terrestres entre la capitale et la côte
- Affaiblissement du soutien régional au régime
- Menace potentielle sur la base navale russe de Tartous
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) rapporte que les troupes gouvernementales et les agences de sécurité se sont retirées de la ville, laissant le champ libre aux rebelles pour s’y installer. Cette situation marque un tournant dans le conflit syrien, en cours depuis 2011.
Offensive rebelle : une avancée fulgurante
L’offensive menée par les insurgés depuis le 27 novembre 2024 a connu des succès rapides et inattendus. En moins de deux semaines, les rebelles ont pris le contrôle de plusieurs villes majeures :
Ville | Date de prise | Importance stratégique |
---|---|---|
Alep | Début décembre | Plus grande ville de Syrie |
Hama | 6 décembre | 4ème ville du pays |
Homs | 8 décembre | 3ème ville et carrefour stratégique |
Cette progression rapide a pris de court le gouvernement syrien et ses alliés. Les forces rebelles, menées par le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS), ont rencontré peu de résistance de la part de l’armée syrienne. Cette situation soulève des interrogations sur l’état réel des forces loyalistes et leur capacité à défendre le territoire.
Réactions internationales et diplomatiques
Face à ces développements, la communauté internationale s’est mobilisée. L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a appelé à des pourparlers urgents à Genève pour assurer une « transition politique ordonnée ». Cette initiative vise à mettre en œuvre la résolution de l’ONU adoptée en 2015, qui prévoit un processus politique dirigé par les Syriens.
Les réactions des puissances impliquées dans le conflit sont variées :
- La Russie, principal soutien d’Assad, exprime par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sa « tristesse pour le peuple syrien »
- Les États-Unis, par l’intermédiaire du président élu Donald Trump, appellent à éviter toute intervention militaire en Syrie
- L’Iran et le Hezbollah libanais, alliés traditionnels d’Assad, semblent avoir réduit leur soutien actif au régime
Une réunion des ministres des Affaires étrangères de huit pays clés, dont l’Arabie saoudite, la Russie, l’Égypte, la Turquie et l’Iran, s’est tenue en marge du sommet de Doha. Les participants ont réaffirmé leur soutien à une solution politique à la crise syrienne et souligné l’importance d’accroître l’aide humanitaire au peuple syrien.
Quel avenir pour la Syrie et Assad ?
L’avancée rapide des rebelles et la perte de contrôle sur des villes clés posent la question de l’avenir du régime d’Assad. Le gouvernement syrien ne contrôle plus que trois des quatorze capitales provinciales : Damas, Lattaquié et Tartous. Cette situation précaire pourrait remettre en cause l’intégrité territoriale de la Syrie.
Les défis à venir sont nombreux :
- Maintenir le contrôle de Damas face à l’approche des forces rebelles
- Gérer la crise humanitaire et l’exode massif de la population
- Négocier une éventuelle transition politique sous pression internationale
- Faire face à la montée en puissance du groupe HTS et son projet de gouvernance
L’évolution de la situation en Syrie reste incertaine, mais le retrait des forces gouvernementales de Homs marque indéniablement un tournant majeur dans ce conflit qui dure depuis plus d’une décennie. Les prochains jours seront cruciaux pour déterminer si le régime d’Assad peut survivre à cette crise ou si un nouveau chapitre s’ouvre pour la Syrie.