Ce fossile appartenait à un individu issu d’un croisement entre Néandertaliens et Dénisoviens. Une découverte si rare que l’équipe de recherche “passé plusieurs mois à vérifier que ce n’était pas une erreur”.
Un petit fragment d’os ayant appartenu à un homme vieux de 50 000 ans a finalement livré ses secrets grâce à de récentes analyses ADN effectuées par l’institut Max Plack et l’université d’Oxford conjointement. Grâce à lui, on sait désormais avec certitude que plusieurs espèces d’hommes se sont accouplées pour donner naissance à des spécimens hybrides. Cette découverte a fait l’objet d’une étude publiée dans la revue Nature en août 2018.
Une preuve ADN
D’après Viviane Slon, coauteur de cette étude et professeure à l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste de Leipzig en Allemagne, ce fossile est le premier découvert à avoir appartenu à un descendant de deux espèces d’homme distinctes : les Dénisoviens et les Néandertaliens.
Ces deux familles se sont séparées il y a 400 000/500 000 ans pour former deux espèces différentes, aux côtés des homo sapiens, qui sont les seuls à avoir survécu jusqu’à aujourd’hui. Les Néandertaliens se sont éteints il y a 40 000 ans, mais on ne sait pas exactement vers quelle époque les Dénisoviens ont disparu.
On sait toutefois que les Dénisoviens ont transmis leur génome à l’humanité, puisqu’on le retrouve à hauteur de 1% chez les populations asiatiques et amérindiennes, et jusqu’à 5% chez les aborigènes océaniens. Tous les hommes modernes à part les africains possèdent également 2% d’ADN de Néandertal. Ces chiffres sont la preuve qu’il y a bien eu des croisements par le passé.
L’enfant de Néandertal et de Denisova
L’os qui a permis de révéler avec certitude ce croisement a été retrouvé en 2012 dans une grotte sibérienne. Il appartenait à un individu féminin âgé d’au moins 13 ans qui a vécu il y a près de 50 000 ans. En analysant ce petit fragment d’os, les scientifiques ont pu en tirer le génome de cette jeune femme. Et les chromosomes ont parlé : celle-ci était bien issue d’un croisement entre les Dénisoviens et les Néandertaliens.
Cette découverte a d’abord beaucoup étonné les chercheurs, car ces deux espèces d’hommes ont vécu sur des territoires très différentes, les uns en Europe et en Asie de l’ouest, les autres en extrême-Orient. Rares ont donc été les rencontres entre les deux familles, mais lorsqu’elles ont eu lieu, nos lointains aïeuls ne semblent pas s’être embarrassés de préjugés pour tisser des relations étroites.
