L’Allemagne, moteur économique de l’Europe, traverse une période de turbulences politiques et économiques sans précédent. La stagnation économique qui frappe le pays depuis plusieurs années a provoqué l’effondrement du gouvernement d’Olaf Scholz, ouvrant la voie à des élections anticipées en février prochain. Cette crise révèle les profondes divergences au sein de la classe politique allemande sur les solutions à apporter pour relancer la troisième économie mondiale.
Une économie allemande en panne de croissance
Contrairement à d’autres puissances occidentales comme les États-Unis, l’Allemagne peine à retrouver le chemin de la croissance depuis la pandémie de Covid-19. Alors que l’économie américaine a progressé de 12% en termes réels sur les cinq dernières années, l’économie allemande est restée au point mort. Cette stagnation prolongée a eu des répercussions majeures sur le paysage politique du pays.
Les chiffres alarmants de la croissance ont considérablement affaibli la popularité du chancelier Olaf Scholz et de son parti social-démocrate. La coalition tripartite qu’il dirigeait depuis 2021 s’est finalement disloquée dans la discorde, conduisant à un vote de défiance et à la convocation d’élections anticipées pour février 2024.
Si l’économie allemande n’est pas en chute libre, sa faiblesse persistante est devenue le point focal de la campagne électorale qui s’ouvre. Les candidats s’affrontent sur les solutions à apporter pour relancer la machine économique allemande dans un contexte européen et mondial incertain.
Les défis structurels de l’industrie allemande
L’Allemagne fait face à plusieurs défis majeurs qui expliquent ses difficultés économiques actuelles :
- Le déclin des industries lourdes traditionnelles
- La baisse de la demande mondiale pour ses produits d’exportation
- Des coûts énergétiques élevés qui pénalisent la compétitivité des entreprises
- Une transition énergétique inachevée vers des sources d’énergie plus propres
Les géants de l’automobile et d’autres secteurs manufacturiers ont annoncé des vagues de licenciements. Les chefs d’entreprise se plaignent amèrement des prix élevés de l’énergie qui freinent leur capacité à rivaliser avec les produits chinois à bas coûts. La tentative du gouvernement de basculer rapidement vers des sources d’électricité à faibles émissions, tout en remplaçant le gaz russe après l’invasion de l’Ukraine, est loin d’être achevée.
Des visions économiques divergentes
La campagne électorale qui s’ouvre met en lumière les profondes divergences au sein de la classe politique allemande sur les solutions à apporter. Le débat économique qui a dominé les premières salves de la campagne électorale allemande lundi ressemblait davantage aux discussions politiques détaillées entre Barack Obama et Mitt Romney en 2012 qu’aux échanges de la dernière élection présidentielle américaine.
Parti | Propositions économiques |
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SPD (Olaf Scholz) | Augmentation des investissements publics, assouplissement des règles budgétaires |
CDU (Friedrich Merz) | Incitations au travail, réduction des impôts sur les sociétés |
AfD (Alice Weidel) | Baisse des impôts, abandon des politiques énergétiques vertes |
Verts (Robert Habeck) | Investissements dans la transition écologique, politique d’immigration ouverte |
Olaf Scholz plaide pour une augmentation des emprunts gouvernementaux afin de financer des investissements massifs dans les infrastructures et les industries d’avenir comme l’intelligence artificielle. Friedrich Merz, le favori des sondages, mise sur des incitations au travail et des baisses d’impôts pour les entreprises. L’extrême droite de l’AfD promet quant à elle de réduire la pression fiscale et d’abroger les politiques énergétiques vertes.
Ces divergences reflètent les défis complexes auxquels l’Allemagne est confrontée pour relancer son économie tout en préservant son modèle social et en répondant aux enjeux climatiques. L’issue des élections de février sera déterminante pour l’avenir économique du pays et, par extension, de l’Europe toute entière.