Le temps d’une fête annoncée pour le 2 juin 2019, le village de Salency, dans l’Oise, entend remettre au goût du jour une tradition du Moyen-Âge, la fête de la Rosière. Cette journée de festivités, destinée à célébrer la « vertu » des jeunes habitantes dîtes “Rosières”, fait polémique.
Si cette nouvelle semble tout droit sortie d’un journal du XIXe siècle, elle est bien d’actualité. Elle est l’œuvre de la Confrérie de Saint-Médard, présentée par l’Obs comme une association, « dont le but est de promouvoir le culte de l’évêque natif de Salency, Médard de Noyon », fait Saint Médard et mort à Noyon, dans l’Oise.
Mettre en valeur la jeunesse, pieuse et de bonne réputation
Interrogé sur le sujet, le président de la Confrérie Bertrand Tribout assure qu’il ne s’agit pas d’une fête uniquement destinée à mettre en valeur la virginité des jeunes filles, mais bien d’une manière de « remettre à l’honneur le patrimoine » et « la jeunesse ».
Pour le fervent catholique, les critères de sélection des adolescentes seront tout autres. Il s’agira de choisir trois jeunes filles âgées de 16 à 20 ans pour leurs « qualités vertueuses », à savoir selon Bertrand Tribout, celles faisant preuve de « dévotion à leur famille » et de « bonne humeur », « quelqu’un de sympathique », ajoute t-il. L’homme soutient que la jeune femme ne devra pas nécessairement être vierge.
Ce n’est pas un critère et il n’y aura aucun examen médical
explique t-il.
Car pour Bertrand Tribout, « mettre en valeur une jeune fille, c’est plutôt aller dans le sens d’une mise en valeur de la féminité », rapporte Le Parisien.
Les internautes se mobilisent pour faire annuler la fête
L’événement mobilise nombre de détracteurs, dont les associations féministes qui diffusent une pétition lancée sur Change.org pour faire annuler la fameuse fête. Sur Twitter, les internautes ont également fait part de leur indignation face à la tenue d’une telle célébration. Les principaux argument invoqués sont le sexisme de cette vision de la « femme idéale », mais également le caractère désormais privé de la virginité dans une France laïque.
Sous prétexte de célébrer la virginité, l’organisateur de cette fête et le maire qui la soutient livrent le corps, les actions, la réputation des jeunes filles à la rumeur publique. Cette définition de la « vertu » est rétrograde et insultante.
Indique le texte qui accompagne la pétition qui a déjà récolté plus de 26 000 signatures. Et de préciser que le critère de virginité ne concerne que les filles et pas les garçons.
” les critères de sélection retenus pour désigner la jeune Rosière : la conduite irréprochable, la vertu, la piété, la modestie, mais aussi… la virginité”
Mais bien sûr ! Ras le bol !
😡😡😡😡😡 https://t.co/3TS4LJZhFl— Julie Dénès (@Julie_DENES) 9 août 2018
Dites les copines, ça ne vous donne pas envie de vous transformer en #femen pour aller bordéliser ce machin ?!#Salency, le bled où l’on va célébrer « la pureté des filles » en 2019 https://t.co/SnR1BXpXdN
(Les copains sont aussi les bienvenus)— Isabelle Rocca (@isabelle_rocca) 10 août 2018
Le maire de Salency, Hervé Deplanque, a lui-même admis que l’idée n’était pas judicieuse :
Je n’étais déjà pas à 100% pour. C’est assez dépassé et sexiste comme célébration. La dernière date de 1987 ! En trente ans, les mentalités ont bien sûr évolué.
A t-il déclaré, ajoutant qu’il envisage de faire annuler la fête.
Des alternatives proposées pour actualiser la fête des Rosières
Loin de vouloir voir disparaître cette tradition, les auteurs de la pétition proposent quelques alternatives plus modernes et pertinentes avec l’idée de mettre en valeur la jeunesse. Comme la présentation de projets individuels et d’« actions de solidarité » à laquelle participeraient les garçons.
