Gina Miller est devenue, depuis quelques jours, le symbole de la lutte anti-Brexit en Grande-Bretagne. Cette femme d’affaires a décidé de former un recours contre la décision de la Première ministre britannique, Theresa May, d’entamer les négociations en vue du Brexit sans attendre l’aval du Parlement. Gina Miller a reçu de nombreuses menaces de mort et doit faire face à des accusations de trahison depuis le dépôt de son recours.
Gina Miller a accordé une interview à l’AFP mercredi afin de dénoncer les chantages et les pressions qu’elle subissait suite à son courageux combat citoyen. Cette femme de 51 ans est la cofondatrice du gestionnaire de fonds SCM Direct.
J’ai reçu des menaces de mort. Apparemment, ma tête devrait figurer au Traitor’s Gate.
Ce lieu, tristement célèbre, est la porte par laquelle les prisonniers accédaient à la Tour de Londres au XVIème siècle.
Gina Millier a déposé un recours devant la Haute Cour de Londres. En cas de jugement favorable en sa faveur, le processus de sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne pourrait être considérablement retardé et durer de longs mois.
Il ne s’agit pas de savoir si on doit rester ou partir, mais de savoir comment partir
a expliqué Madame Miller à l’AFP.
Theresa May, la Première ministre britannique souhaite de son côté enclencher le processus du Brexit au plus vite. Elle s’est fixée comme objectif le mois de mars 2017. Elle souhaite se servir de l’article 50 du Traité de Lisbonne, avant d’entamer des négociations qui pourraient s’étendre sur deux ans avant de voir la Grande-Bretagne définitivement quitter l’Union Européenne.
Gina Miller est seule dans sa bataille. Elle fait preuve d’un grand courage et d’une détermination sans faille.
Les gens ont peur de monter au créneau. Des entreprises ont été boycottées. On a vu des choses vraiment pas belles. Mais je ne me laisserai pas intimider car je suis d’avis que tout le monde a besoin d’une certitude juridique.
Sa société, le fonds SCM Direct, dépend directement du marché européen. Gina Miller est très inquiète pour son avenir professionnel et pour son pays.
Elle s’était également fortement impliquée lors de la campagne lors du vote pour ou contre le Brexit le 23 juin dernier.
Le matin du 24, comme des millions de Britanniques, j’ai éprouvé un mal de ventre épouvantable. Je savais qu’il n’y avait pas de plan. On partait du principe qu’il n’y aurait pas de Brexit. Il n’y avait pas de plan A, B ou C. Cela m’a tout de suite inquiétée.
Elle souhaite mener son combat judiciaire jusqu’au bout. Elle utilise un argument politique sur la nécessité et l’exigence de souveraineté du Parlement pour justifier sa démarche qui n’est pas uniquement liée à ses intérêts personnels et professionnels.
Qu’on court-circuite le Parlement et qu’on laisse un Premier ministre décider de nos droits nous replonge de fait dans une dictature et bafoue 400 ans de démocratie.
Les Britanniques se souviennent que cette lutte contre le Brexit a déjà coûté la vie d’une femme, Jo Cox, la députée travailliste britannique favorable au maintien de la Grande-Bretagne au sein de l’Union Européenne, avait été tuée en pleine rue par un militant pro-Brexit en juin dernier quelques jours seulement avant le vote décisif.
Les décisions politiques liées au Brexit commencent à influencer et à faire évoluer peu à peu la société britannique. Le gouvernement de Theresa May étudie la possibilité d’utiliser la préférence nationale pour les chômeurs britanniques face aux travailleurs étrangers. Tous les Français travaillant dans les bars et la restauration en Grande-Bretagne pourraient se voir refuser à l’avenir le droit de travailler en Angleterre au profit de citoyens Britanniques.
La Haute-Cour de Londres étudie à partir d'aujourd'hui des recours contre le #Brexit https://t.co/7bK9g8Fay7 #AFP
— Agence France-Presse (@afpfr) October 13, 2016
Gina Miller on triggering Article 50 – "This is not about politics. This is about process and the rule of law."https://t.co/aDWw0gfT5N pic.twitter.com/bMRdkcrgTn
— City A.M. (@CityAM) October 13, 2016
Very well argued case for parliamentary approval of #Brexit…Gina Miller's case could block Brexit https://t.co/fMqo3i3std
— Toby Schuster (@TobySchuster) October 3, 2016
Gina Miller – wonderful personal story of Black British achievement. https://t.co/UJxm4eKv1x
— Sophia Cannon (@SophiaCannon) October 13, 2016
Supporting Gina Miller & @Mishcon_de_Reya at High Court Article 50 challenge https://t.co/EUVfVqaZVk pic.twitter.com/brfvPi1YG6
— Islington IN Europe (@IslingtonIn) October 13, 2016
