Le parlement catalan a proclamé l’indépendance de la Catalogne. Aussitôt, le Sénat espagnol a validé la mise sous tutelle de la région.
Cela fait maintenant plus d’un mois que l’Espagne est divisée entre les pro et anti-indépendance de la Catalogne après un référendum jugé illégal par Madrid.
Après des semaines de montée des tensions entre Madrid et Barcelone, le parlement catalan a adopté l’indépendance ce vendredi 27 octobre. Immédiatement le Sénat espagnol a répliqué en approuvant une mesure sans précédent depuis 40 ans : la mise sous tutelle de la région.
L’indépendance proclamée
Les élus catalans ont adopté dans l’après-midi de vendredi, par 70 voix pour, dix voix contre, et deux votes blancs, une motion proclamant l’indépendance de cette région du nord-est de l’Espagne.
Selon la résolution adoptée, la région devient un « État indépendant prenant la forme d’une République ».
Nous constituons la République catalane. Comme État indépendant et souverain, de droit, démocratique et social.
Cette annonce a été célébrée par des dizaines de milliers d’indépendantistes réunis dans les rues de Barcelone.
Alors que certains sablaient le cava catalan, d’autres entonnaient avec ferveur l’hymne de la Catalogne.
Scènes de liesse à Barcelone pour fêter la proclamation de l'indépendance de la Catalogne pic.twitter.com/pvlpntNExn
— BFMTV (@BFMTV) October 27, 2017
Le président indépendantiste Carles Puigdemont a quant à lui, appelé les Catalans à rester « pacifiques et civiques ».
Toutefois, cette proclamation solennelle a été invalidée par le Tribunal constitutionnel. Tout comme le référendum organisé par le gouvernement catalan le 1er octobre.
Ce même Tribunal constitutionnel, saisi par le Parti socialiste catalan (PSC), a d’ailleurs engagé l’examen d’un recours contre la déclaration d’indépendance. En effet, la déclaration d’indépendance va à l’encontre des souhaits d’une grande partie des Catalans. Ceux-ci veulent rester rattaché au royaume d’Espagne. Ainsi, la plus haute cour de justice du pays a donné trois jours aux parties impliquées pour présenter leurs arguments.
Le Sénat espagnol vote une mesure historique
La riposte du gouvernement espagnol n’a pas tardé. Plus tôt dans la matinée, le premier ministre Mariano Rajoy avait demandé l’autorisation de destituer Carles Puigdemont. Le chef du gouvernement conservateur avait évoqué une « situation exceptionnelle » aux conséquences « très graves pour beaucoup de personnes ».
La déclaration d'indépendance de la Catalogne, "acte criminel" selon le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy #AFP pic.twitter.com/KqhzxEJXzT
— Agence France-Presse (@afpfr) October 27, 2017
Or, dès la déclaration d’indépendance, le Sénat espagnol a autorisé le gouvernement à mettre sous tutelle la Catalogne.
Ainsi, avec 214 voix pour, 47 contre et 1 abstention, les parlementaires ont expressément donné leur accord pour l’application de l’article 155 de la Constitution.
Pido tranquilidad a todos los españoles. El Estado de Derecho restaurará la legalidad en Cataluña. MR
— Mariano Rajoy Brey (@marianorajoy) October 27, 2017
“L’Etat de droit restaurera la légalité en Catalogne.”
a réagi Mariano Rajoy sur Twitter.
Ce dispositif permet à l’exécutif central de suspendre l’autonomie de la communauté catalane. En outre, il prévoit aussi la destitution des responsables catalans. En particulier du président indépendantiste Carles Puigdemont.
Le parquet présentera une plainte la semaine prochaine pour rébellion contre Carles Puigdemont.
Un délit puni d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à 30 ans.
L’article 155 prévoit également la mise sous tutelle des médias publics catalans.
Enfin, l’assemblée régionale ne pourra cependant toujours pas présenter de candidat à la tête du gouvernement catalan. Ni contrôler les décisions prises directement par l’exécutif sous tutelle. Et ce, jusqu’à la convocation d’élections régionales anticipées.
Mariano Rajoy a convoqué à 18 heures un Conseil des ministres extraordinaire. A l’issue de cette réunion, le président du gouvernement a annoncé la dissolution du parlement catalan. Ainsi que la tenue de nouvelles élections dans la région le 21 décembre prochain.
Le gouvernement espagnol soutenu à l’international
Les réactions à l’international ont été unanimes. En déplacement en Guyane, Emmanuel Macron a affiché son soutien au Premier ministre espagnol.
J’ai un interlocuteur en Espagne, c’est le Premier ministre Rajoy. Il y a un État de droit en Espagne, avec des règles constitutionnelles. Il veut les faire respecter et il a mon plein soutien.
Même son de cloche du côté de l’Allemagne. Un porte-parole d’Angela Merkel a simplement déclaré ne pas reconnaître la déclaration d’indépendance. La chancelière allemande s’est inquiétée de « l’aggravation de la situation en Catalogne ».
Pour l’UE, rien ne change. L’Espagne reste notre seule interlocutrice.
A aussi écrit le président du Conseil de l’Union européenne, Donald Tusk, sur son compte Twitter. Il a appelé parallèlement le gouvernement espagnol à choisir « la force de l’argument plutôt que l’argument de la force ».
Les États-Unis, eux, soutiennent toujours « l’unité » de l’Espagne, selon un communiqué du département d’État.
For EU nothing changes. Spain remains our only interlocutor. I hope the Spanish government favours force of argument, not argument of force.
— Donald Tusk (@eucopresident) October 27, 2017
Londres "ne reconnaît et ne reconnaîtra pas" l'indépendance de la Catalogne #AFP
— Agence France-Presse (@afpfr) October 27, 2017
